Le Colisée :

 

Le Colisée ou Amphithéâtre Flavien était destiné aux jeux du cirque. L'empereur Vespasien commença sa construction en 72, à l'emplacement du lac qui ornait auparavant le parc de la Domus Aurea de Néron, dans la vallée comprise entre le Palatin, l'Esquilin et le Caelius. Réalisé en cinq ans seulement, le monument fut inauguré en 80 par Titus, fils de Vespasien : les jeux célébrés pour l'occasion durèrent cent jours consécutifs. L’amphithéâtre prit le nom de Colisée, peut-être à cause de la statue de Néron, le colosseum, qui s’élevait non loin de là, peut-être aussi à cause des dimensions colossales de l’édifice lui-même. 

Le monument est un symbole de la pérennité de la ville : les Romains prétendent en effet que lorsque le Colisée tombera, Rome tombera en même temps, et qu'alors la fin du monde sera proche ! 

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Structure de l'amphithéâtre :

Quelques chiffres... De forme ovale, l'édifice possède un diamètre de 187 mètres dans son grand axe, 155 mètres dans son petit axe. Il atteint presque 50 mètres de haut, avec une circonférence de 527 mètres. L’ensemble pouvait accueillir jusqu’à 52.000 spectateurs, c'était le plus grand amphithéâtre de Rome !

L’extérieur était composé de trois séries d’arcades, ornées respectivement de colonnes doriques, ioniques et corinthiennes ; le quatrième étage était décoré de pilastres corinthiens. L’appareil de travertin (pierre dure et grisâtre que l'on trouve aux environs de Rome) est constitué de gros blocs autrefois assemblés par des éléments métalliques, retirés au Moyen Age. Une immense couverture en toile de lin, le velarium, protégeait les spectateurs du soleil et de la pluie : il était mis en place par les soldats de la marine ! 

Le Colisée a survécu aux incendies, tremblements de terre et à des actes de vandalisme et d'abus en tout genre : les papes pillèrent les revêtements pour construire la basilique St Pierre et d'autres églises ; le monument servit aussi de forteresse à certains généraux, et même d'usine d'engrais à des hommes d'affaires !

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Organisation des déplacements :

De nombreux accès, de larges couloirs, des escaliers, et enfin six rangées de gradins permettaient au spectateur d'atteindre rapidement sa place : les quatre voies d’accès principales étaient reliées à des escaliers intérieurs conduisant les spectateurs à leur siège, ce qui leur permettait, malgré la foule, d’atteindre leur place moins de 10 minutes après leur arrivée. Les 80 arcades du rez-de-chaussée donnaient accès à des escaliers bien conçus, permettant l’évacuation des spectateurs en 30 minutes.

Un vaste réseau de couloirs et de pièces souterraines, situé sous l’arène, faisait fonction d’entrepôt pour le matériel (armes des gladiateurs, décors et cages renfermant les bêtes, cellules des prisonniers). Les bêtes apparaissaient soudain dans l’arène, au moment voulu, au moyen d'un dispositif de trappes et de monte-charge. Les gladiateurs entraient par les portes situées aux deux extrémités du grand axe.

La répartition des places se faisait en fonction de la classe sociale des spectateurs. Au centre de l’un des côtés des gradins se trouvait le siège de l’empereur ; le reste était occupé par les sénateurs, la famille impériale, et des personnages de la cour. Venaient ensuite les places des Chevaliers et des tribuns civils et militaires. D'autres emplacements étaient réservés : un pour les personnes mariées, un autre pour les jeunes gens accompagnés de leur tuteur... Les hommes du peuple s'installaient le plus souvent dans la partie surmontant le podium, tandis que les femmes étaient reléguées aux gradins les plus élevés. Au sommet de la cavea, une galerie ouverte abritait ceux qui préféraient rester debout.

 

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Les spectacles :

Plusieurs genres de spectacles étaient donnés au Colisée :

Les munera :
A l'origine, les célèbres combats entre gladiateurs constituaient uniquement un rite funéraire visant à apaiser l'esprit du défunt en versant du sang humain. Pourtant, les munera ont rapidement évolué en spectacle, se déroulant sous forme de duels uniquement destinés à distraire la foule. Les combats étaient surveillés par des garçons de piste déguisés en Charon, prêts à emporter les cadavres et jeter un peu de sable sur les taches de sang. Gravement blessé, un gladiateur pouvait remettre son sort entre les mains du public et espérer la grâce d’un pouce levé... Cependant, les décès étaient moins fréquents qu'on ne le pense, et l'état de gladiateur pouvait être le moyen de gagner de l'argent ou même, pour les esclaves, de regagner la liberté !

 

En général, quatre grandes catégories de gladiateurs s’affrontaient deux par deux. D’un côté, le rétiaire (filet, trident, brassard) contre le mirmillon (casque lourd, bouclier allongé, glaive) : c’était le combat de la vitesse contre la puissance. L’autre paire classique opposait le thrace (petit bouclier, casque à visière, sabre à double tranchant, brassard, jambières) au sécutor (grand bouclier, glaive, casque).

Les venationes :
Pour ces chasses ou ces combats avec des animaux sauvages, très appréciées des spectateurs, la scène du cirque était parsemée de broussailles, taillis, arbres et collines. Les belluaires (souvent condamnés à mort ou prisonniers de guerre), spécialement entraînés pour affronter des fauves, étaient armé d’un glaive court et d’un bouclier. Des combats entre espèces d’animaux différentes étaient également organisés.

Les naumachies :
Ces reconstitutions de batailles navales, rares car hors de prix, nécessitaient d'inonder l'arène : Titus fit organiser une reconstitution de la bataille entre Corinthiens et Corcyréens, qui exigea la participation de 3.000 hommes. Les naumachies furent rapidement transférées dans des édifices plus adaptés en raison des complications qu’engendrait l’inondation de l’arène, en particulier à partir du moment où furent construits les souterrains du Colisée...

Au Ve siècle, un moine venu d'Orient, Télémaque, descendit un jour dans l'arène pour s'interposer entre les gladiateurs et conjurer le peuple de renoncer à ce divertissement sanglant. Il fut couvert d'injures et de moqueries, et comme il persistait, mourut lapidé par la foule. Cependant, depuis ce jour, les spectacles cessèrent pour toujours...

C'est le plus grand arc de triomphe de Rome : 21 mètres de haut, 26 en largeur et 7 en épaisseur. Il fut érigé en 315 pour commémorer le dixième anniversaire du règne de Constantin et sa victoire contre Maxence au pont Milvius, en 312.

L'inscription signifie : "A l'Empereur César Flavien Constantin le Grand, pieux, heureux et auguste, le Sénat et le Peuple Romain dédient cet arc de triomphe, parce que, aidé par la divinité, et par sa grandeur d'âme, il a, avec son armée, vengé la République au moyen d'une juste guerre aussi bien contre le tyran que contre toute faction." A remarquer, le compromis retenu par le Sénat : "instinctu divinitatis", soit "avec l'aide de la divinité", pour ne froisser ni l'empereur qui favorisait les chrétiens, ni les magistrats de la cité encore païens, en ne citant ni le Christ ni les divinités romaines sur le monument...

Les reliefs de marbre qui le décorent proviennent pour la plupart d'autres monuments : les huit médaillons au-dessus des arcades latérales datent du règne d'Hadrien, d'autres éléments datent de Marc Aurèle et de Trajan. L'empereur Constantin légitimait ainsi son pouvoir : en faisant construire un monument traditionnel, il se situait comme continuateur de ses prédécesseurs, mais aussi comme innovateur avec un programme de restauration personnel.  

 

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