Les Thermes de Caracalla
L’empereur Caracalla fit bâtir en 212 les plus grands thermes que Rome ait connus jusque-là, d’une superficie de 11 hectares. 1600 personnes pouvaient s’y baigner en même temps, et les entrées quotidiennes devaient se compter par milliers !
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Organisation de l'espace intérieur : |
L’espace intérieur comprenait
une partie centrale avec l’édifice
thermal proprement dit et ses salles principales.
Le caldarium (bains
chauds) était une énorme salle circulaire de 35 mètres de diamètre, située sous une
coupole appuyée sur huit piliers : le soleil y pénétrait par de grandes
fenêtres et la température y atteignait 55°C.
Le tepidarium (bains tempérés)
était une salle rectangulaire de dimensions plus
modestes.
Enfin, le frigidarium (bains
froids) était une grande salle recouverte par trois voûtes s’appuyant sur huit
piliers.
Les autres salles étaient disposées de part et d’autre du bâtiment
de manière symétrique : les apodyterium (vestiaires) étaient des
salles carrées flanquées de chaque côté de deux petites pièces voûtées en
berceau ; les palestres (gymnases), disposées symétriquement sur les
petits côtés de l’édifice, comprenaient de vastes péristyles, et les laconicum
étaient des pièces à chaleur sèche destinées à activer la transpiration.
Les thermes de Caracalla étaient aussi équipés d’une douche appelée lavatio.
D’autre part, l’édifice comprenait une enceinte où étaient répartis tous
les services accessoires n’ayant pas de rapport avec les bains : des gymnases
et deux bibliothèques. Le tout était entouré d'un immense jardin. Les bains n’étaient
pas seulement un endroit où on se lavait, c’était un centre communautaire à
vocations multiples.
Pour un quart d'as (quasiment rien), les Romains pouvaient avoir accès aux thermes, ouverts à toute heure de la journée. L’ordre d’utilisation des bassins était dicté par la tradition : le citoyen s’arrêtait d’abord aux vestiaires pour y déposer ses vêtements et prendre une serviette. Il passait ensuite, après une séance de sport dans le gymnase, dans le laconicum, puis dans le caldarium, où il se débarrassait, à l'aide d'un strigile (sorte de cuillère en métal incurvée) de la sueur et de la poussière, avant de passer dans le tepidarium, et enfin dans la piscine du frigidarium.
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Utilisation de l'eau : |
Jusqu'au quatrième siècle avant JC, les seules sources en eau de Rome était le fleuve Tibre ainsi que de nombreux puits. Au fur et à mesure de la croissance de la Cité, ces eaux se trouvèrent rapidement engorgées par les détritus et devinrent trop polluées pour être bues... Devant cette situation, Appius Claudius Caecus fit construire le premier aqueduc de Rome, en 312 avant JC. Il transportait l'eau d'une source située à une quinzaine de kilomètres à l'est de la ville. L'eau de la source était collectée dans un réservoir de la Cité pour être ensuite distribuée. Les réservoirs Romains, appelés castellum divisorium, étaient bien conçus et nombreux. Hauts d'un ou deux étages, ils comportaient une grande citerne qui permettait de retirer de l'eau la vase et autres débris solides. Les réservoirs des thermes de Caracalla avaient une capacité de 80.000 litres. Un système complexe de vannes et de robinets contrôlait le débit de l'eau vers les fontaines publiques et les thermes. Les riches citoyens romains s'arrangeaient pour que l'eau soit directement amenée à leur maison depuis ces réservoirs, en payant une somme à la cité. Vers 270 après JC, environs 250 réservoirs fonctionnaient à Rome, assurant la fourniture constante d'eau potable et fraîche à la Cité. On trouvait également plus de 150 latrines publiques bien canalisées. Les eaux usagées et les ordures de Rome étaient évacuées par des égouts vers le Tibre (le Cloaca Maxima en est l’exemple le plus ancien. Il existait d'ailleurs sur le Forum un monument dédié à Vénus Cloacina... déesse des égouts !) : cette évacuation se faisait par l’intermédiaire de tuyaux d’argile reliés à un système d’évacuation sous les pavés. Pour alimenter les thermes de Caracalla, il fallut créer une déviation spéciale à partir du vieil aqueduc de l’Aqua Marcia.
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Matériaux de base et décor : |
Le Latium, plutôt pauvre en pierre à bâtir, était riche en pouzzolane, variété de terre d’origine volcanique que l’on mélangeait à la chaux pour fabriquer un ciment, extrêmement résistant, prenant même au fond de l’eau. Les maçons apprirent à y incorporer des fragments de pierre, de terre cuite ou de gravier, mélange qui produisait le béton, très solide et parfaitement étanche, convenant à la construction des vastes édifices. Pour dresser un mur, on entourait d’abord les fondations de planches ; on plaçait alors, sur une couche de mortier, des cailloux que l’on pilonnait. Puis le mur se montait, alternant lits de mortiers et de moellons. Il était ensuite enduit d’une couche de ciment rougeâtre, ou décoré de fresques peintes sur le stuc, de bas-reliefs, ou de riches revêtements de marbre. Pour construire leurs monuments, les Romains utilisaient aussi la brique.
Les thermes de Caracalla étaient décorés de riches mosaïques : on a retrouvé des mosaïques avec athlètes qui décoraient les hémicycles des grandes cours latérales des thermes. D’autres, bicolores, figurent des dauphins, des divinités aquatiques, des dessins géométriques. Des statues agrémentaient la vue. Les baignoires elles-mêmes étaient en basalte, en granit, en porphyre et en albâtre.