La Domus Aurea de Néron
Après le gigantesque incendie qui dévasta Rome en 64, Néron se fit construire un luxueux palais, la Maison Dorée.
|
|
La Maison dorée, un palais fabuleux : |
Cette Domus couvrait presque 2
kilomètres carrés, du Palatin à l'Esquilin et du Caelius à l'Oppius. Elle
fut réalisée par les architectes Sévère et Celer et décorée par le peintre Fabullus.
Il s'agissait d'une villa spectaculaire comprenant plusieurs pavillons décorés
de dorures, d'ivoires, de pierres précieuses, de marbres, immergés dans des bois
étendus, des jardins avec fontaines et jeux d'eau ainsi qu'un immense lac
artificiel pour les reconstitutions de batailles navales, des thermes d'eau
sulfureuse ou d'eau de mer... Dans le vestibule se trouvait une colossale statue de bronze,
haute de 30 mètres, représentant Néron sous les traits du Soleil ! D'après
Suétone, la salle principale, ronde,
tournait sur elle-même en permanence et les plafonds des salles à manger
étaient conçus de telle manière qu'ils pouvaient s'ouvrir et déverser des
fleurs ou des parfums sur les invités... Néron n'aurait fait pour
tout éloge lors de l'inauguration de la Domus, que : "je vais enfin
commencer à être logé comme un homme" !
Cependant, à la mort de Néron,
ses successeurs firent tout leur possible pour détruire le bâtiment et effacer
ainsi le souvenir de l'empereur détesté. Ainsi, le complexe thermal de Trajan
recouvrit le pavillon central, enterrant les étages de la Maison Dorée pour
créer des fondations solides au nouveau bâtiment, et le Colisée remplaça le
lac artificiel asséché. Le colosse en bronze doré fut décapité et la tête
d'Apollon remplaça celle de Néron...
Les artistes de la Renaissance, comme
Raphaël, redécouvrirent néanmoins les peintures de la Maison Dorée au XVe siècle, réussissant à se
faufiler dans les pièces souterraines, les "grottes", pour s'inspirer
des peintures antiques, et créer un nouveau style de décoration, auquel ils
donnèrent le nom de "grotesque". Au XVIIe siècle, les fresques
furent copiées dans un livre. Heureusement, car depuis, nombre d'entre elles ont disparu,
rongées par l'humidité et les moisissures.
La Maison Dorée vient de rouvrir aux visiteurs, après avoir été fermée en
1982 !
|
|
Néron, "l'empereur fou" : |
Néron, fils de Domitius Ahenobarbus
et d'Agrippine la Jeune, succéda à l'empereur Claude, son père adoptif, en
54, grâce aux intrigues de sa mère, qui avait épousé l'empereur en secondes
noces. Ambitieuse et sans scrupules, celle-ci parvint, à force d'intrigues et
de menaces, à convaincre son époux de faire de Néron son successeur, à la
place du propre fils de Claude, Britannicus. A la mort de Claude - certainement
empoisonné par sa femme - Néron, le nouvel empereur, avait 17 ans.
En 55, il
fit empoisonner son rival le plus dangereux, Britannicus. Suivit une longue
série d'assassinats : sa propre mère, qui l'empêchait de gouverner à sa
guise, en 59 ; son épouse Octavie, remplacée par Poppée, en 62 ; des
condamnations à morts de riches citoyens, dont il s'appropriait la fortune. On raconte qu'il se prenait pour
un artiste doté de tous les dons, rêvant de gloire théâtrale, se produisant
sur scène en récitant des vers et en jouant de la flûte... Pourtant il n'est pas
évident de se faire une idée objective de cet empereur : les témoignages qui
nous sont parvenus émanent de sénateurs et de membres de la nobilitas, justement
de ceux qui eurent le plus à se plaindre de Néron ! On peut alors
raisonnablement penser que les défauts de Néron ont été exagérés...
|
|
Incendie de Rome et persécution des chrétiens : |
En 64, Rome fut ravagée par un
gigantesque incendie qui dura une semaine et qui détruisit la plupart des
quartiers. Selon la rumeur, le brasier aurait été allumé par l'empereur
lui-même, dans le but de trouver une inspiration pour le poème qu'il
préparait sur l'anéantissement de Troie ! Cependant, d'après des historiens,
Néron se trouvait en réalité à Antium, à une cinquantaine de kilomètres de
là, lors de l'incendie, et il est probable que là encore, les témoignages aient
été exagérés ; les incendies n'étaient pas rares à Rome à l'époque.
Coupable ou non de l'incendie, Néron se trouva
rapidement des boucs émissaires parfaits en accusant les Chrétiens, très
nombreux à Rome et mal aimés de la population, car cette "nouvelle
secte" rejetait les croyances romaines et niait la divinité des empereurs.
Débuta alors la première persécution des chrétiens : les
malheureux furent livrés aux bêtes sauvages ou bien crucifiés, on raconte même
qu'une nuit, les jardins
impériaux furent illuminés par des Chrétiens enduits de goudron et
transformés ainsi en torches vivantes... Après le désastre, Néron se fit
construire sur les quartiers dévastés un nouveau palais : sa Domus Aurea,
pour remplacer la Domus Transitoria détruite par l'incendie.
Devant ce qui apparaissait de plus en plus comme un régime de terreur, les provinces, Gaule, Espagne et Afrique, se révoltèrent en 68, puis la garde prétorienne se souleva à son tour. Proclamé ennemi public par le Sénat, Néron dut fuir Rome et se tua avant d'être rejoint, s'écriant, selon la tradition : "Quel artiste périt avec moi !"...